LE PIGEON NOIR

Ça aurait pu être des aigles, des colombes ou des corbeaux, mais non, les oiseaux qui ont su me guider ces dernières années, sont les pigeons.

En octobre 2016, alors que je lisais dans le parc du quartier Point du jour à Lyon, un pigeon noir s’est approché de moi… 
La suite, est dans le texte que vous vous apprêtez à lire.
Car, ce n’est pas une histoire inventée, pas de la poésie, voyez le plutôt comme un témoignage… Aussi étrange soit-il.

J’accompagne ce texte de 2016, d’un autre, écrit quatre ans plus tôt, sur le même sujet : les pigeons.
C’est là encore un témoignage, je dirai même plus, une révélation.
À cette époque, alors que rien allait pour moi, un pigeon couvait ses œufs sur le rebord de ma fenêtre...

Très bonne lecture à vous.

Le Pigeon Noir 
Frédéric MUR, le 05 Octobre 2016 

Je suis assis sur un banc dans un square du cinquième arrondissement de la ville de Lyon. 
« Point du Jour » 
Les enfants rient, courent, chantent et les mères veillent leurs futurs espoirs.
J’observe l’ensemble, immobile, patient, remettant à demain le soir.
Ici pas d’ombre, à part sous quelques arbres épars. 
Un pigeon atterrit non loin de là et se dirige d’un pas sûr et sans crainte, vers moi.
Il arrête sa course sous mon banc et se pose.
Juste le temps de le regarder, à travers les planches de bois. 
Ce pigeons était tout noir. 
C’est constatant que je l’observais que l’oiseau reprit doucement son chemin, puis s’envola.
Quelques minutes plus tard, il revenu, toujours sans crainte, marchant, s’approche, titillant même du bout du bec mes chaussures. 
J’étais là, mais c’est un autre qu’il cherchait, un autre qui, autrefois, venait le voir. 
Quand soudain, une image prit la place de ce que j’avais en face de moi :
Ici, un homme, d’un grand âge, venait souvent se recueillir à cet endroit. 
Lui, avait un rapport particulier avec le noir. Il était à un moment de sa vie où cette couleur doit être le symbole d’un nouvel espoir. 
L’homme, assis ici jadis, comme moi, voyait ce pigeon, aussi étrange que aimable, comme le signe de son prochain envol.
De son nouveau départ. 
Le temps de ce flash, le volatile était déjà parti loin. 
Autre-part.


...

Un pigeon couve ses œufs sur le rebord de ma fenêtre
Frédéric MUR, le 09 Juin 2012

Vous qui avez peur de la mort
Vous qui redoutez l'instant de votre dernier souffle.
Dieu
Au grand Dieu !
N'oubliez pas, que peut-être, sur le bord de votre fenêtre, un oiseau est en train de couver des petits êtres.

L'idée n'est pas saugrenue.
Elle n'est pas non plus dénuée de sens.

Vous dormez. Vous vous rechargez.
Et à un mètre de votre tête.
La vie apparaît.

Des semaines à voir cet oiseau couver ses œufs,
des semaines à voir cet oiseau braver la pluie, le tonnerre, la chaleur et l'effervescence populaire.
Une ville.
Une fenêtre.
Une planche de bois sur le rebord de cette fenêtre.
Sous cette planche de bois,
trois œufs.

Juste trois petits œufs.
La vie qui commence.

Ton angoisse de la mort.
Et devant toi,
juste la vie qui commence.

Que craindre ?
Lorsque devant soit, la vie commence.

Où sont les angoisses ?
Qu'en faire ?
Quand cet oiseau ne bouge pas.
Il ne bouge pas.
Il ne bouge... pas.
Réchauffant sa descendance, défiant le temps,
en l'arrêtant.
Il ne bouge pas.

Parapluie.
Je n'ouvre plus la fenêtre.
Je ferme les volets.
Et je regarde l'oiseau à la fenêtre, celle d'à côté.

Où sont mes angoisses ?
Où sont vos angoisses ?

Ils s'envoleront.
En même temps que ses bébés.
Envolé.

Pour profiter.
De la vie qui commence.
Juste la vie qui commence.

À cet instant.


Commentaires