«
Lorsqu'on n'a pas de vie véritable, on la remplace par des mirages.
»
Anton
Tchekhov, La
mouette
… GENÈSE...
« Construisez
avec nous, une nouvelle humanité »
« Les
laboratoires indépendants, uniquement financé par vos dons depuis
plus de trente-cinq ans nous on permit des avancées médicales sans
précédent en matière de nanotechnologie, de prothèses ou
d’organes.
Grâce
à votre accompagnement et notre expérience, l’humanité défis
désormais les lois de la nature et ses progrès vous font vivre
jusqu’à trois cents cinquante ans sans maladie, ni vieillissement.
Vous
êtes des millions à soutenir notre programme prénatal « Long
Life » qui permet à vous et votre enfant d’acquérir les
meilleurs soins et une meilleure préparation à ce qui sera, vos
vies.
Cancers,
maladies génétiques, malformations et toutes ces choses qui peuvent
diminuer les chances d’une longue et paisible vie seront éliminé
pour l’ensemble de l’humanité.
Le
progrès est en marche grâce à vous et nous avons déjà gagné.
Faites-vous
confiance. »
… GENÈSE...
Ne
soyez pas sceptique, ni méfiant, Genèse
ne vous ment pas et dans votre monde, qui n’est plus le mien depuis
longtemps, ce laboratoire pourrait vous paraître suspect, dirigé
par une partie infime de l’humanité, renforçant ainsi les
inégalités.
Mais
non, car ce laboratoire, c’est vous qui le créerait.
Plus
tard, à la suite d’une pandémie qui tuera par milliard, l’homme
choisira:
Vivre
avec moins d’argent, moins de pouvoir, mais vivre plus longtemps.
Se concentrant sur la santé et celle de ses enfants. En l’espace de quelques années seulement, l’homme récupéra tout ce qu’il avait auparavant, avec une idée en tête désormais, « aller de l’avant ».
Se concentrant sur la santé et celle de ses enfants. En l’espace de quelques années seulement, l’homme récupéra tout ce qu’il avait auparavant, avec une idée en tête désormais, « aller de l’avant ».
La
peur aussi, évidemment.
Car
la pandémie avait fait tellement de mort, durant presque seize ans,
que les derniers hommes survivaient la peur au ventre. Celle d’être
le prochain à rejoindre le néant.
Cette
pandémie, comme celle de la Peste, n’a pas été « guérie ».
La maladie, encore inconnue aujourd’hui a disparue comme elle est
venue.
L’homme
avait perdu, tout simplement.
Lorsqu’il
pu, il tenta en vain de trouver des réponses à cette sanction.
C’est même devenu le nom de la pandémie… « la Sanction ».
Alors,
nous avons été de l’avant, en apprenant de nos erreurs et en se
préparant à une future attaque. Nous avons tout intégré dans
notre nouvelle médecine.
Nanotechnologie,
redécouverte de plantes hors du commun qui guérissent, exploration
du corps, de l’ADN, de notre patrimoine génétique à une échelle
jamais atteinte auparavant. La machine corps n’avait désormais
plus aucun secret pour l’humanité.
Tout
cela pour en arriver là.
Des
gens qui vivent jusqu’à trois cents cinquante ans en pleine forme
et des enfants qui naissent aussi solide que du diamant. Une société
qui vie en accord avec son environnement, sous caméra surveillance,
mais bienveillante et une population humaine qui réaugmente.
L’argent étant encadré par la loi, il n’était plus une fin en
soi, mais un simple moyen d’échange. Transgresser ces règles
pouvaient coûter très cher…
Un
monde idyllique n’est-ce pas ?
Je
m’appelle Oliane et je suis le symbole même de ce qui ne va pas.
Cette
humanité s’est bâtie, comme la précédente sur la peur de mourir
et elle a fait en sorte que plus jamais cela n’arrive. Elle s’est
bâtie, comme la précédente sur le « plus jamais ça »,
suite à la pandémie, fermant les yeux sur la souffrance, la
douleur, la perte et le dépit.
Cette
nouvelle société ne veut plus mourir, ni souffrir…
Alors,
elle s’est à nouveau menti, ne voyant pas l’opportunité qui
s’offrait à elle, celle de voir l’essentiel.
L’homme,
encore conditionné par son passé matérialiste, démuni de
spiritualité et rongé par des doctrines, religieuse ou
scientifique, s’est vu comme une machine. Un bout de chair
réparable à tout va. Si le corps va, l’âme ira.
Je
suis la preuve que rien ne va et ils le savent, voilà pourquoi
Genèse
a
créé « les enfants de l’Aube », un programme
confidentiel, payant, proposé à la plupart des familles attendant
un enfant.
Une
sorte de contrat secret, en complément de Long
Life ,
une assurance totale que l’enfant vivra, quoiqu’il arrive. Les
parents signaient, payaient une garantie sur la vie et Genèse
s’occupait du reste, sans bruit.
Je
vous l’ai dit, le corps n’a plus de secret dans cette société.
Recréer des reins, un foie ou un cœur avec des cellules souches est
aujourd’hui aussi simple que de boire un grand verre d’eau.
Nous
en avons profité.
Nous
avions peur de mourir, nous nous sommes multipliés.
Un
secret de polichinelle bien gardé.
Le
clonage est proscrit, mais la vie n’a pas de prix. Les enfants de
l’Aube sont cette garantie.
En
voici le principe :
Le
laboratoire procède à un scanne complet du fœtus et pratique les
prélèvements de base afin d’écarter toutes maladies ou
malformations.
C’est
à ce moment que le programme « Enfants de l’Aube »
débute. Ces prélèvements sont utilisés pour cloner l’enfant et
faire en sorte qu’il grandisse en même temps que l’original.
Vous
commencez à comprendre…
L’enfant
cloné est gardé en sécurité, élevé par des parents aimant,
ressemblant à ceux de l’enfant original, jusqu’au jour où…
L’original
meurt, pour quelconque raison.
Nous
avons éradiqué la maladie et la vieillesse. Pas la peur de l’autre,
ni de soi.
Les
accidents, les meurtres et les suicides existent toujours. Mais ça,
on ne le voit plus.
Personne
ne se rend compte de quoique ce soit, c’est le contrat :
« la
promesse de Genèse ?
Pas de douleur liée à la perte d’un être cher »
Un
accident de voiture et l’enfant meurt sur le coup ? Il est
emmené à l’hôpital, remplacé là-bas et le miracle fait qu’il
« survivra » et à l’aube, il se réveillera.
Voilà
le lourd secret de Genèse,
il remplace les enfants comme on remplace un foie mourant. Parce que
l’homme ne veut plus voir la mort en face, il veut bannir la
souffrance.
Mourir
ne me plaît pas plus qu’à vous, mais j’en comprends la
nécessité.
La
mort, ça apprend.
Sur
la préciosité de la vie, sur l’instant présent, sur la nécessité
de faire sens.
Apprendre,
faire sens et transmettre, un temps.
Il
serait temps pour l’homme de l’apprendre ; après la
pandémie, il était devant cette évidence.
Nous
sommes des transporteurs de vœux, des étoiles filantes et non des
soleils ardents.
Je
suis le symbole et le visage de ce qu’il ne va pas.
Qui
acceptera la vérité lorsqu’elle éclatera ? L’Homme, un
tas de chaire remplaçable… ayant oublié qu’il était habité
d’une âme qui ne se copie pas.
Modifier
l’ADN ne sert à rien lorsque cette âme est en peine. Elle
cherchera à fuir en s’ouvrant les veines.
Je
suis Oliane, l’unique, qui cherchera toute sa vie pourquoi, un
soir, il a fermé à clé la porte de sa chambre, éteint sa lumière,
puis, mis une arme sur sa tempe.
Pourquoi,
le lendemain, lorsque je me suis réveillé, je n’entendais qu’un
son:
PAN!
Faisant
de moi, dans mon cœur, qu'un remplaçant.
Qui
devra faire sens.
Frédéric MUR - octobre 2014/novembre 2016
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